Le Fonds Myriam est né en réaction au Covid-19, apparu en France en février 2020.
Face à l’étendue du désastre économique et social, notamment pour les classes sociales les plus précaires, les principaux acteurs de la communauté juive se sont réunis, pour mesurer les conséquences économiques et sociales de la pandémie sur le tissu associatif des communautés juives françaises, qui vient quotidiennement en aide aux personnes les plus fragiles.
Dans la foulée d’une étude menée au cours de l’été 2020, confirmant l’impact de la crise sanitaire sur le tissu associatif, de grandes fondations décident d’unir leurs forces et leurs moyens financiers : un fonds de dotation unique et à durée déterminée voit alors le jour pour venir en aide aux associations des communautés juives françaises.
Ce fonds est dénommé « Fonds Myriam », en mémoire de la prophétesse à l’origine du puits qui suivait le peuple hébreu durant l’exode dans le désert.
Il est spécialement dédié à l’aide financière aux associations des communautés juives en France, pour une durée de trois années. Il est intervenu exclusivement auprès d’organisations françaises d’intérêt général s’adressant aux associations des communautés juives françaises, rencontrant des difficultés financières, du fait de la pandémie de Covid-19.
L’identité du Fonds Myriam
Le Fonds Myriam est constitué et alimenté financièrement
par quatre fondations :
Le tissu associatif juif français a effectivement été touché par la pandémie. La quasi-totalité des organisations a vu son équilibre financier perturbé et fragilisé.
Toutes les associations œuvrant dans le domaine social ont eu à servir plus de familles (une augmentation représentant en moyenne 30%), soit des milliers de personnes supplémentaires à aider. Certaines d’entre elles n’ont pas pu payer tous leurs frais de scolarité.
Tous les centres communautaires ont été fermés durant plusieurs mois et à plusieurs reprises. Ainsi, les dons de toute nature, constituant une grande partie des recettes, ont été bien moins fréquents.
De manière générale, toutes les associations ont dû s’adapter, rester connectées à leurs adhérents, former leurs personnels et leurs bénévoles ; elles ont aussi dû investir dans de nouveaux moyens de communication. Le Fonds Myriam est intervenu dans ce contexte d’urgence, et dans une nécessité de forte adaptation.
Notre volonté principale a été d’agir vite et de manière efficace, au regard de l’urgence financière dans laquelle certaines associations se trouvaient. La posture de proximité, de conseil et d’assistance ainsi que les valeurs d’agilité et d’équité envers ces associations ont constitué la colonne vertébrale de notre action.
L’intervention du Fonds Myriam
Résultats et impact du Fonds Myriam
Parmi les bénéficiaires du fonds, de grandes institutions ont reçu une aide importante, compte tenu des difficultés financières rencontrées. Parmi elles, nous pouvons citer : le CRIF, le Consistoire, le FSJU, le SPCJ, le CASIP, la Fondation de Rothschild, l’OSE, le CASIM, Mazone, Lev Tov, l’ORT, l’Alliance Israélite Universelle, le réseau scolaire Ozar Hatorah, Judaïsme en Mouvement (JEM), l’UEJF, les EEIF, l’ECUJE…
Par ailleurs, de petites associations locales et de proximité, ont été aidées, comme le centre culturel Rachi de Troyes, le centre culturel Simone Veil de Montpellier, le centre culturel de Carpentras, les radios locales de Montpellier, de Bourgogne, de Strasbourg, de Marseille, le CLEJ, Dessine-moi mon répit, Or Hatorah à Marseille, Beyahad de Marseille, les écoles juives de Bordeaux, de Metz, d’Aix les bains, l’Institut Européen des Musiques Juives (IEMJ), les Racines de Demain, le Lab Tenou’a, EMC2, etc.
Nous avons également participé à des programmes ou des organisations existantes en les abondant, grâce à des subventions indirectes : la fondation Gordin, les bourses de cantine Latalmid, le Fonds Lanoar pour la jeunesse.
Durant les 18 premiers mois, nous avons centré notre action sur l’aide d’urgence : l’accroissement des aides sociales, la redistribution directe aux familles, les besoins de renfort d’équipe, la contribution à certains déséquilibres financiers (cette première partie a représenté 55% de nos engagements).
Puis, les 18 derniers mois ont consisté en une seconde phase où nous avons participé, encouragé, et accompagné la relance économique et parfois structurelle des associations (soit 45% de nos actions).
Déploiement de 4 programmes spécifiques
Dans ce cadre, pendant ces trois années, quatre programmes ont été initiés, animés et déployés :
Un programme spécifique pour rétablir la santé financière du Consistoire au travers de ses différentes entités (le Consistoire central, l’ACIP et le Centre Européen du Judaïsme), puis mettre en œuvre des plans de transformation, de modernisation et de relance au niveau économique, organisationnel et humain.
Conseiller et accompagner les associations dans leur processus de digitalisation en répondant à trois problématiques majeures : la visibilité, l’animation des réseaux sociaux et l’utilisation de CRM (gestion clients). Au total, 70 associations en ont bénéficié et sont désormais outillées pour faire face aux défis du numérique après la crise sanitaire.
Un programme qui consiste à aider au financement partiel des travaux de sécurité des bâtiments des associations de la communauté juive française afin d’éviter à tout prix qu’une association renonce à ses travaux de sécurité pour des raisons financières.
Un programme sur quatre années (de début 2024 à fin 2027) dont le but est, au vu de la dégradation de la santé mentale constatée chez les jeunes suite à l’épidémie de Covid, de revaloriser la pratique du sport et de la musique au sein de la jeunesse juive française.
L’objectif est de toucher
5 000 enfants et adolescents par an, notamment dans les milieux les plus précaires, où la pratique de ces activités est moins répandue. Le Fonds Myriam a financé l’étude de faisabilité.
Au total, sur ces quatre programmes, plus de 8 millions d’euros ont été investis, soit un tiers de notre budget total.
Par ailleurs, nous avons aussi conjugué le versement des aides avec un accompagnement humain, basé sur le conseil, l’assistance et l’expertise métier, que nous avons dénommé «SàVA» (subvention à valeur augmentée).
Cet accompagnement s’est souvent déroulé dans le cadre des quatre programmes décrits ci-dessus. Les frais de fonctionnement ont été réduits à leur minimum : plus précisément, moins de 3% du montant global confié, distribué, investi dans le tissu associatif.
Aucune association n’a dû cesser son activité à cause du Covid-19.
La décision initiale de coopération entre les fondations et d’union des forces matérielles, humaines et financières a fait ses preuves.
Le Fonds Myriam est venu compléter les efforts humains (ceux du travail des dirigeants des associations) et économiques (les nombreuses aides de l’État), en injectant des moyens financiers conséquents et un accompagnement basé sur l’écoute, le conseil et la proximité.
Durant ces trois années, nous avons rencontré des bénévoles associatifs et des professionnels impliqués et très engagés. C’est grâce à leur dévouement sans relâche que nos communautés se tiennent debout avec tant de solidarité.
Nous tenons à les remercier sincèrement et chaleureusement.
L’existence du Fonds Myriam a prouvé que l’union des forces (notamment matérielles) de grandes institutions des communautés juives en France est une réussite : les fonds mutualisés, la réflexion et la réaction optimisées.
De plus, l’agilité d’une équipe réduite et dédiée, complétée par une gouvernance à deux niveaux (un comité de gestion et un conseil d’administration) renforcent le dispositif mais sans l’alourdir. Elles permettent de ne prendre que des décisions collectives, avec comme fil conducteur permanent, la recherche de consensus, en faveur des associations qui nous ont sollicités. Un tel dispositif pourrait être reconduit dans des contextes d’urgence, des situations exceptionnelles hors normes, des moments inédits de notre époque avec un environnement instable et un manque de visibilité notable.
A ce titre, il est impossible de présenter et décrire notre action sans évoquer les attaques terroristes du 7 octobre et l’actuelle guerre en Israël. Outre ses conséquences plus qu’inquiétantes sur les communautés juives dans le monde, ses répercussions sur la communauté juive française sont évidentes. En 2023, le ministère de l’intérieur et le SPCJ ont recensé 1676 actes antisémites, avec explosion de +1000% après les massacres du 7 octobre.
Cette vague démontre que deux éléments fondamentaux et prioritaires sont à renforcer sans attendre pour assurer la sécurité de la communauté juive française, qui est, à ce jour la plus grande communauté juive en Europe :
Investir des moyens supplémentaires matériels et humains pour la protection des lieux de vie juive
Approfondir et améliorer la lutte contre la désinformation et la haine antisémite notamment sur les réseaux sociaux.
Ainsi, presque quatre ans après l’apparition du Covid-19 en France, il semble de nouveau important de tirer des enseignements positifs de l’action et de l’efficience de la création d’un fonds tel que le Fonds Myriam, et d’agir en réaction, mais avec cohérence.
À plus petite échelle, des initiatives ont déjà vu le jour (médias, associations et collectifs…), mais seule une organisation coordonnée, unifiée, réactive – caractérisée par une dimension opérationnelle forte – et avec des moyens significatifs, sera en mesure d’y répondre. Une telle expérience pourrait servir d’exemple pour réagir de manière adéquate et proportionnée aux défis que la communauté juive française devra probablement relever dans les prochaines années, face à un antisémitisme et un antisionisme très ancrés en France.